Friday, August 17, 2018


Tuesday, June 24, 2008

Sonnet inachevable

Ne plus se souvenir de ces vers merveilleux,
Que l'on avait écrit comme en état de veille
Pourquoi pour quand pour qui, regardant quels yeux

Ne sachant plus très bien qui dort et qui sommeille

Pourquoi pour quand pour qui, regardant quels yeux
Ne plus se souvenir de ces vers merveilleux,
Que l'on avait écrit comme en état de veille

Ne sachant plus très bien qui dort et qui sommeille

Friday, September 08, 2006

PAYSAGE (D'APRES BASHO, UN HAIKU) PUIS TROIS AUTRES ESSAIS

Au zashiki voir
beaucoup : weigélia qu'imite
onyx du Fuji

*

(Original :
Le zashiki d'été
Fait bouger et entrer
La montagne et le jardin)
(zashiki: salon recouvert de tatamis ouvert sur le jardin. )
*
Ce haïku est un pangramme strict.
L'idée de réécrire sous forme de haiku ou de distique d'alexandrins pangrammatiques un autre haiku ou distique ou poème plus court ou plus long a été lancée sur la liste oulipo en 2006 : voir http://www2.iap.fr/users/esposito/oulipo14.html
*
Voici trois autres essais, moins stricts, mais tout aussi pangrammatiques :
- d'abord une version longue d'un poème mimimaliste de François le Lionnais, "Fenouil" (mais si, vous l'avez DEJA lu), pangrammisé sous la forme d'une « question pour un champion » en distique d'alexandrins :
Ombelliféracé, d'un beau goût anisé,
je pique et au whisky et aux vents alizés
*
- ensuite un distique d'alexandrins à partir d'un vers, "Le zèbre - un oublié de la faune héraldique", extrait d'un poème d'Ernest d'Hervilly :
*
Zèbre de Chapman ou des montagnes, quagga ?
Faut voir le khôl du wax, la jupe, les rayures...
*
- et enfin un autre haïku :
-*
Xylophone, cwrth
Kazoo, bagpipe et djembé
Quel orchestre vif !
(sorti de nulle part mais
m'est avis que l'on pourra
facilement trouver quelques
originaux ayant pu inspirer celui-ci,
ainsi en aurai-je même résumé plusieurs !)

Tuesday, August 01, 2006

QUATRE CHICAGOS

MENU RADIOACTIF
Asperges Becquerel
Cochon Röntgen
Soupe Sievert
Nem à la Rem
Poulet Curie !

INFORMATION MATHEMATIQUE SUR UN POETE
Nibble Gauss
Bit Galois
Rune Fermat
Quad Fibonacci...
Baud Euler !

RELATIVITE ELARGIE AU CAFE DU COMMERCE
Seconde Ailleurs
Minute dans l'Univers
Heure sur le Soleil
Jour sur la Terre...
Temps de Planck sur la comète !

TEMPERATURE PRISE DANS L'ETABLISSEMENT D'EN FACE
Celsius nous ?
Fahrenheit vous !
Rankine eux ?
Réaumur tous !
Quell'vie, non ?

(Celui-là est effectivement proche du zéro absolu)

Un chicago est constitué de quatre homosyntaxismes qui forment devinette et dont la solution est une homophonie.

TROIS SOLLICITUDES ME SUFFIRONT

Avant la charrue viennent les boeufs
Après la pluie le beau temps
Ensemble le manche et la cognée
Rémi n'est ni agriculteur ni bûcheron
Qu'a pas Rémi au logis ?
*
Margot, sauvage cavalière
N'a pas voulu de moi. Trop fière !
Qu'a Margot sauvage contré ?
*
Vous n'aimez pas la porcelaine
et du vert pâle avez la haine
Qu'a céladon !
*
Les règles assez floues de la sollicitude à l'adresse http://www.oulipo.net/contraintes/document19729.html

TROIS CARTES POSTALES

Souvenirs de vacances : un coeur, une sorte de sardinosaure "étrange" (parfois synonyme de"belge") et une courte antonymie de bon goût.

Nos coeurs
Nos coeurs sont à jamais unis
Comme pas d'amants sur le sable
Loin des yeux sont-ils démunis ?
Qui sait ? L'amour est une fable

Ce dragon qu'Ensor
Quoi, ce dragon qu'Ensor ?
Un animal marrant ?
Oui, saur, évidemment
Qui fait peur aux bourgeois
C'est ce qu'il a pour joie
De sortir de ses gonds

" Tout le monde est entré là mort "
(Jim Anthony Morrison)

LE BREF DESESPERE

Bref desperado
Qui prêtera la parole au décomposé,
A la douleur qui m'affole tout ramolli,
Qui donne ses accents par luth interposé
A la plainte qui le guide, tragicomique ?
Gerachim Du Berval

Quelque indéfini pronom objecterait-il que "ramolli" ne rime que mol à son pendant "tragicomique" ? En ce cas, je protesterais, énergiquement : "ramolli qu(i donne ses accents...)". Na.

DESDICHADODELAIRE

Mélange de poèmes

Je suis le Ténébreux, pesant comme un couvercle,
Le Prince d'Aquitaine en proie aux longs ennuis
Ma seule Etoile est morte et, brassant tout le cercle,
Porte le Soleil noir, plus triste que les nuits !
Dans la nuit du Tombeau, en un cachot humide,
Rends-moi le Pausilippe, une chauve-souris,
La fleur qui plaise, étendant son aile timide,
Et la treille où le Pampre a des plafonds pourris !
Suis-je Amour ou Phébus ? Ces immenses traînées ?
Mon front est rouge encor imitant les barreaux
J'ai rêvé dans la Grotte où fameuse a régné !
Et j'ai deux fois vainqueur, au fond de nos cerveaux,
Modulé vers le ciel, en affreux hurlement,
Les soupirs de la Sainte - opiniâtrement.
Gérard Lebeau de l'Erval

COURT PALINDROME

Ah, plat Alpha !
Agé mol Omega !

Saturday, July 29, 2006

SEPTOUM

C'est en Alexandrie que je l'ai rencontré... (bluette)
*
C'est en Alexandrie que je l'ai rencontré
Prêt à nous annoncer le retour des Barbares
Ils venaient, disait-on, de passer la frontière
Visage parchemin, coeur redevenu grave
Il était déjà mort et je n'étais pas né
Par hasard nos regards se sont alors croisés
Deux regards au-dehors vers la mer démontée.

Eboulis des reflets sur la mer démontée
Le vent hurle à la mort, urgence à rencontrer
Visage parchemin, coeur redevenu grave
Prêt à nous annoncer le retour des Barbares
Par hasard nos regards se sont alors croisés
Par-delà les années, défaites les frontières
Nous verront-ils encore, ceux qui ne sont pas nés ?

Où navigueront-ils, ceux qui ne sont pas nés
Eblouis des reflets sur la mer démontée ?
Les mots ne sont qu'ennui d'encre pour les Barbares
Le vent hurle à la mort, urgence à rencontrer
Par-delà les années, défaites les frontières
Visages advenus, traces de coeurs gravés
Lorsque nous serons morts, tous nos destins croisés.

Dans les sables gisant, gardant les bras croisés
Où navigueront-ils, ceux qui ne sont pas nés ?
Nous sommes-nous déjà quelque part rencontrés ?
Tout est possible aussi tout reste à démontrer
Visages advenus, traces de coeurs gravés
Les mots ne sont qu'ennui d'encre pour les Barbares
Au-delà de nos nuits, la dernière frontière.

A l'heure de partir, en passant la frontière
Dans les sables gisant, gardant les bras croisés
Tout est possible aussi tout reste à démontrer
Que nous laisseront voir ceux qui ne sont pas nés ?
Comment dans cette nuit séduire les Barbares ?
Nous sommes-nous déjà quelque part rencontrés ?
Pourquoi cet oeil mauvais, et pourquoi cet air grave ?

Le temps s'évanouit, chaque heure se fait grave
A l'heure de partir, en passant la frontière
Que nous laisseront voir ceux qui ne sont pas nés ?
Barbares renommés nous renommant croisés
Au creux d'un tel miroir, qu'espérer rencontrer ?
Tant de regards perdus sur les mers démontées
Comment dans cette nuit séduire les Barbares ?

Elle revient au jour la question des Barbares
Le temps s'évanouit, chaque heure se fait grave
Barbares renommés nous renommant croisés
Ils venaient, disait-on, de passer la frontière
Tant de regards perdus sur les mers démontées
Il était déjà mort, et et je n'étais pas né
C'est en Alexandrie que je l'ai rencontré.

La quenoum, mélange de pantoum (tradition malaise, exemple chez Baudelaire "Harmonie du soir") et de quenine, forme généralisée de la sextine (retrouver ce mot dans ce blog) est donc un poème construit selon des règles strictes, avec retour organisé par permutation de mots clés en fin de vers et retour tout aussi logiquement organisé des vers entiers (selon les règles découvertes par Ian Monk, voir "Quenoums", dudit, Petite Bibliothèque oulipienne n° 127, pages 24-25).
Ce septoum est donc une quenine-pantoum où n = 7 (erreur et variation, je vous baptise clinamen). La contrainte la plus épuisante ayant été pour moi, permettez que je m'épanche un instant, de ne pas faire le clown. Surtout lorsque la sono du voisin s'est mise à hurler sirop "Est-ce par hasard, si j'ai croisé ton regard ?" On est bien peu de chose.

On pourrait envisager, comme dans la sextine "classique", une sorte de tornada, dernier envoi reprenant les mots clés, en reprenant ici les sept vers non répétés, pour former une huitième strophe, éclairant - ou obscurcissant encore, c'est comme vous l"entendrez - les précédentes (strophes) .

Ce serait :

Deux regards au-dehors vers la mer démontée
Nous verront-ils encore, ceux qui ne sont pas nés
Lorsque nous serons morts, tous nos destins croisés ?
Au-delà de nos nuits, la dernière frontière.
Pourquoi cet oeil mauvais, et pourquoi cet air grave ?
Au creux dun tel miroir, qu'espérer rencontrer ?
Elle revient au jour la question des Barbares.

Eclairante citation quant au sens de tous ces mots alignés :

"Et maintenant qu'allons-nous faire sans barbares ?
Ces gens-là étaient une sorte de solution."
(Constantin Cavafy, évitez les trahisons attribuées à Marguerite Yourcenar)

Pour ceux qui voudraient s'écrire une quenoum
en voici matrice-résumé, strophe par strophe :
pour n = 7

a1 b1 c1 d1 e1 f1 g
g1 a2 d1 b1 f1 c2 e
e2 g1 b2 a2 c2 d2 f
f2 e2 a3 g2 d2 b2 c
c3 f2 g2 e3 b3 a3 d
d3 c3 e3 f3 a g3 b3
b d3 f3 c1 g3 e1 a1

abcdefg = mots clés

Saturday, June 17, 2006

ANANTAPODOTON

Mon coeur, Empereur des Romains
aimait sa cousine en Teuton
« Tu rêvais d'en venir aux mains ? »,
dit l'autre. « Ane en ta peau d'Otton ! »

Otton Ier du Saint-Empire, né le 23 novembre 912 à Wallhausen, mort le 7 mai 973, dit Otton le Grand, fut proclamé empereur des Romains en 962. Dans ces milieux, on se mariait souvent (comme encore aujourd'hui...) entre cousins germains.
L'anantapodoton est une variété d'anacoluthe dans laquelle l'autre des termes d'une expression alternative manque. Ceux qui n'auraient pas compris liront avec attention l'exemple suivant :
« On trouve des erreurs dans ce document. D'autre part, certains mots sont illisibles. »
« Peau d'âne », tout le monde connaît, non ?
Modèle :
Petite Bibliothèque oulipienne n° 155
Roubaud (Jacques)
Cœurs
avril 06
(et, surtout, ou plutôt, les "Deux fois vingt coeurs" de Robert Rapilly)

Friday, June 16, 2006

COURT DESHERITE

Résumé à la Du Bellay du « Desdichado » de Nerval
(dont avatars divers à l'adresse http://graner.net/nicolas/desdi/),
petit palindrome syllabique d'outre-tombe (mais lisible 5 sur 5 !),
disons "minidiagonnet", je vous laisse construire le carré magique.

Moi l'esseulé,
que les voix lasses
laissent là,
seul à celer
ce la voilé
que laisse l'émoi.

(« Cours, déshérité ! T'es risée des cours !»)