Tuesday, October 18, 2005

SEPTANTE-HUIT ET DES HAIKUS GENERALISES

I

le haiku de la girafe
le haiku engoncé dans les épaules
le haiku à un poulet, à une rumeur
le haiku d'une bouteille d'une cruche
le haiku du cygne
les haikus tors

II

le haiku sec
le haiku violent
le haiku très léger
le haiku contre un meuble
le haiku redoublé
les haikus et blessures
le haiku du lapin
le haiku du père François
le haiku de poing de pied de tête de boule
le haiku de bâton de botte de fouet
le haiku sur les fesses sur l'oeil
les haikus autorisés et les haikus défendus
le haiku bas
le haiku de bec de corne de griffe de patte de queue de sabot
le haiku d'épée de sabre de poignard de couteau
le haiku fourré
le haiku de bambou de barre de bec de boutoir de dent d'épingle de fouet de griffe de masse de massue de patte de tête
les haikus de feu
le haiku de canon de fusil
le haiku dans l'aile
le haiku au coeur
le haiku terrible à l'économie
le haiku décisif
les haikus de grâce
le haiku de vieux
le haiku du destin du sort
le haiku de Trafalgar
le haiku pour la fanfare
le haiku de la loi
les haikus de midi
le haiku de coude de genou de reins de langue
le haiku de gosier
le haiku de gueule(s)
le haiku d'oeil
le haiku de main d'épaule de pouce
les haikus d'archet
le haiku de crayon
le haiku de barre
le haiku de filet
le haiku de bistouri
le haiku de hache de pioche
les haikus de marteau
le haiku de chapeau
le haiku de fer à repasser
le haiku du berger à la bergère
le haiku de vent
le haiku de chien
les haikus pour rien
le haiku d'envoi
le haiku sûr
le haiku de trop
le haiku de pot
le haiku de génie
les haikus d'Etat
le haiku prémédité
le haiku imprévisible
le haiku de la panne
le haiku de Jarnac
le haiku de folie de désespoir
les haikus de Bourse

III

le haiku d'une marchandise
le haiku de la vie
le haiku de production
le haiku fixe
le haiku moyen unitaire
les haikus marginaux
le haiku supplémentaire
le haiku d'une imprudence
le haiku élevé
le haiku anormalement bas
le haiku d'une règle, d'une réforme
les haikus généralisés

Monday, October 17, 2005

ROTROUANGE ECARTELEE (&2AIQ)

voici, qui a inspiré les deux ou trois propositions qui le suivront ici, le poème Les vers à soie de Jacques Roubaud (un sonnet) proposé à la réécriture sur la liste Oulipo, il a été publié dans le recueil "Les animaux de tout le monde" (Ramsay, 1983)

Les vers à soie murmurent dans le mûrier
ils ne mangent pas ces mûres blanches et molles
pleines d'un sucre qui ne fait pas d'alcool
les vers à soie qui sont patients et douillets

mastiquent les feuilles avec un bruit mouillé
ça les endort mais autour de leurs épaules
ils tissent un cocon rond aux deux pôles
à fil de bave, puis dorment rassurés

En le dévidant on tire un fil de soie
dont on fait pour une belle dame une robe
belle également qu'elle porte avec allure

Quand la dame meurt on enterre la soie
avec elle et on plante, sur sa tombe en octobre,
un mûrier où sans fin les vers à soie murmurent.

Poème, très court, de Gilles Corrozet (1510-1568) "Regarder la fin de son oeuvre" :

Ce n'est pas tout que commencer
Il faut voir si la fin est bonne
Car lors n'est pas temps d'y penser
L'oeuvre par la fin se couronne.

La femelle du papillon nommé bombyx mori pond avant de mourir très vite, comme tous les papillons, des milliers d'oeufs d'un jaune pâle; les oeufs fécondés appelés grains deviennent gris foncé, et c'est à cette couleur que les reconnaissent les méchants sériciculteurs, qui gaveront de feuilles de mûrier blanc les vers nés de ces oeufs. Les vers, devenus énormes (8.000 fois plus longs, 10.000 fois plus gros qu'à leur naissance), en se contorsionnant inlassablement trois à quatre jours durant forment en bavant leur cocon, pour s'y endormir chrysalides avant de devenir papillons (mais, dans neuf cent nonante-neuf cas sur mille, on ne leur en laisse pas le temps, on les met à bouillir vifs pour leur voler leur soie - un fil continu long de 700 à 1.500 mètres).
*Mûrier hanté
(rotrouänge)
*
Y bâfrant
sans
en manger les fruits mous,
souvent blancs,
dans
lesquels n'est pas de moût,
c'est fort peu soûl,
- du tout ! -,
Qu'au mûrier le ver va chantant.
*
Remâcher
chez
le ver est un penchant,
car hacher
ces
feuilles de mûrier blanc,
sans dents, lui prend
du temps
(mais sans l'empêcher de chanter)
*
S'endormant
quand
il a mangé son soûl,
il tourne en
lents
mouvements nés du cou
un fil très doux,
qu'il coud
s'enfermant, mais toujours chantant
*
Tout à coup
- Bouh ! -
une dame le prend
et le bout
tout
vif en le dévidant !
De vêtements
brillants,
cette dame aura su le coût...
*
Se sentant
en
partance après l'été,
la dame en
blanc
nous a donc demandé
de lui planter
hanté
mûrier... où le ver va chantant.
*
Rotrouänge écartelée. Forme fixe médiévale comprenant quatre neuvains du type [ Nombre de syllabes : 3 1 6 / 3 1 6 / 4 2 8 Schéma de rimes : a a b / a a b / b b a ] et dont le neuvième vers constitue un refrain approximatif. Voir ici. Tiens, j'en ai mis cinq, de neuvains, bon on va dire...
clinamen ?
*
2AIQ
*
Dans le mûrier blanc
les vers. De belles dames
devinent leur chant
*
Jusqu'au plus petit
tout imite le Bouddha
Les vers, repus, rotent
*
*
d'autres essais d'un peu tout le monde

Sunday, October 16, 2005

CARTE POSTALE

"Flux constant", sizain-bizarre de saison

Deux agents dûment cachetés prévention
Tentent vainement, station Lille Flandres
D'assumer leur rôle de composition
Sous l'oeil suspicieux d'un armé Cassandre
- Le flot compact d'usagers ne se souciant
Guère d'Onze Septembre, ou Madrid, ou Londres...